FIBIOS

Quel impact a la politique bois-énergie en Provence-Alpes-Côte d’Azur?

L’augmentation de la compétition entre les acteurs, notamment économiques, a impacté sévèrement le paysage forestier. On observe un paysage divisé entre parcelles surexploitées et parcelles intactes, lequel impacte fortement la biodiversité locale.

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Financé par le LabEx BASC dans le cadre de l'Appel à projet "Innovation" 2017, le projet s'est déroulé sur 2 ans (2018-2019).  

Intitulé et acronyme du projet: Impacts écologiques et socio-économiques de la politique bois-énergie en PACA: filière bois, biodiversité et conflits sociaux (FIBIOS).

Porteurs du projet : Juan Fernandez (chercheur CNRS du laboratoire Ecologie Systématique Evolution) et Roxane Sansilvestri

Partenaires

Suite à l’appel à projet européen concernant le développement des énergies renouvelables de 2011, une centrale à biomasse a été développée dans la ville de Gardanne, en région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA). Dotée d’une puissance de 450 MW (à titre comparatif, en France la plupart des éoliennes ont une puissance de 1 à 3MW/unité), cette centrale utilise plus de 855 000 tonnes de bois par an pour produire de l’électricité, ce qui en fait l’une des plus grandes centrales à biomasse d’Europe. Compte tenu des conditions socio-économiques et écologiques locales fragiles, le développement d’une filière bois-énergie à échelle industrielle en région PACA soulève de nombreuses questions concernant l’impact de l’intensification de l’exploitation forestière sur la biodiversité, le bilan carbone, la filière bois existante, et le paysage.

Centrale de Gardanne © AFP PHOTO/ Gérard Julien pour France3Info

Photo Centrale de Gardanne © AFP/ Gérard Julien pour France3Info

Présentée comme une panacée par les autorités nationales et régionales, c’est-à-dire que le bois-énergie pourrait répondre, à la fois, à la stratégie d’atténuation climatique (enjeu international), aux besoins énergétiques (enjeu régional) et au développement d’un secteur économique (enjeu local), de nombreux acteurs se sont engagés économiquement dans cette nouvelle filière.

Paysage côtier de Provence Alpe Côte d’Azur ©Roxane Sansilvestri

Le projet PACA Bois Energie s’intéresse aux changements dans les dynamiques locales engendrées par le développement de la centrale de Gardanne et tente d’évaluer la capacité des acteurs locaux à faire face aux perturbations à la fois sociétales et environnementales. L’approche scientifique clairement interdisciplinaire, associe des approches de sociologie, écologie et économie. Les méthodologies utilisées sont des entretiens personnels, des ateliers  de travail en groupe avec des acteurs locaux, des visites et observations sur le terrain ainsi qu’un travail de modélisation en écologie, à partir de l’inventaire forestier national. (Photo: Paysage de Provence Alpe Côte d’Azur ©Roxane Sansilvestri)

Principaux résultats 

Photo Roxane dit tableau PACA bois énergie

Notre analyse démontre que la politique de développement de bois-énergie en région PACA, n’a pas tenu compte des caractéristiques uniques de ce socio-écosystème spécifique que sont les forêts méditerranéennes : 

1. Le développement de la centrale de Gardanne est issue d’une politique publique européenne structurée et développée, avant tout, pour répondre à des objectifs européens et nationaux. Ainsi de nombreuses parties prenantes de la région PACA se sont senties lésées, voir trahies par les politiques nationales. Le développement de l’activité bois-énergie qui aurait pu représenter une opportunité économique a causé de nombreux conflits et augmenté la compétition entre les acteurs. La politique a favorisé de gros acteurs industriels (coopérative, ONF Energie, centrales énergétiques) au détriment des petits acteurs économiques locaux (chaufferies locales, scieurs, exploitants indépendants, bûcherons). (Photo: atelier de travail ©Roxane Sansilvestri)

2. Ces dynamiques socio-économiques ne sont pas sans conséquence sur les écosystèmes forestiers. En effet, l’augmentation de la compétition entre les acteurs, notamment économiques, a impacté sévèrement le paysage forestier. La pression d’exploitation a augmenté sur les espèces à haut pouvoir calorifique (rentable pour le bois-énergie) et facile d’accès (diminution des coûts d’exploitation). On observe lors de simulations un paysage divisé entre parcelles surexploitées et parcelles intactes. Ce type d’exploitation impacte fortement la biodiversité locale, notamment avec les choix d’exploitation récent du chêne pubescent (Quercus pubescens) et du chêne vert (Quercus ilex), qui sont toutes deux des espèces clés dans la dynamique des forêts méditerranéennes

====> La porteuse vous explique le projet et ses RESULTATS en VIDEO (journées scientifiques du LabEx, nov. 2020)

photo de troncs ds paysage Roxane S. PACA bois énergie

Communication orale

> Présentation des résultats préliminaires à l’Assemblée Générale du « Syndicat des Exploitants Forestiers et Scieurs Alpes Méditerranée » (SEFSAM), suivie d’échanges, juin 2019.

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Photo: paysage de Provence Alpe Côte d’Azur ©Roxane Sansilvestri